Donc voici la suite annoncée du précédent article sur les travaux de finition de ma console; ce ne sera pas, hélas, le second et dernier article, puisqu'il manque encore un "petit" détail...

Le principe est de terminer le tirage de jeu avec un beau pommeau en bois tourné...

Ça tombe bien, j'en ai quelques uns depuis très longtemps...!

Des pommeaux en bois de buis, chêne ou fruitiers.... récupérés chez un facteur d'orgues; des fins de série ou avec défauts; enfin, les défauts ne me gênent pas, mais quand on vend un orgue à plus de 500 000€, on ne peut pas laisser passer ce détail!!!

Comme j'en ai de couleurs différentes, j'ai réparti les familles de jeux par couleurs:

Le buis pour les 8'

Un bois beige clair (?) pour les 4'

Un bois type cerisier pour les mutations 2' et tierce

Un bois type chène, un peu chocolat au lait, et unique, pour le tremblant

(Chêne pour les tirasses)

L'ensemble des tirants sont démontés pour être tous coupés à la bonne longueur (30mm de saillie fermés), et il faut percer le tirant afin de loger la partie tourillon du pommeau...

Après cette opération, le pommeau est rentré de force, et tenu par une petite vis en laiton vissée par dessous afin de ne rien voir, mais de rendre réversible l’opération!

Le problème, c'est que je n'ai pas le compte entre le nombre de tirants et de pommeaux actuels!!!

Coté #, j'ai ce qu'il faut avec les deux dessus de 8', la Flûte 4', la Tierce et le Tremblant!

Coté Ut, c'est plus la crise!

La Basse de 8', l'Octave 4' et l'Octave 2' sont équipées.

il faut maintenant que je trouve un tourneur sur bois pour me réaliser en copie les 5 pommeaux manquants.

J'ai une belle bille de buis pour faire réaliser les deux 8' restants et la Fourniture; pour les deux tirasses, j'aimerais trouver un autre bois coloré...

J'ai quelques pistes de tourneurs dans ma région; reste à les rencontrer!!!

Je ferai faire un surplus de 3 pommeaux, peut-être pour la pédale...

J'ai remis à jour les Pages Index (Tuyauterie, éléments intérieurs, mécanique) pour toujours plus d'ergonomie de recherche sur ce blog; car le principe du blog ne permet pas de retrouver des sujets continus facilement; ces pages vous donnent les liens directs aux articles souhaités....

Ces liens sont situés tout en haut de la page, sous la bannière; à utiliser sans modération!!!

Et oui, un orgue sans pédalier, n'est pas vraiment un orgue!?

J'aurais pu utiliser le pédalier de l'orgue d'étude que mon épouse n'a jamais remonté, mais il est très volumineux, à l'ancienne, et il rentre tout juste dans ma structure.... pour pas dire, qu'il ne rentre pas....

Donc pas le choix, faut construire le pédalier définitif!

Mon choix se porte sur un type de pédalier "sans cadre", assez léger, facile à enlever et remiser lorsqu'on aura besoin de place... et oui, c'est un orgue à la maison, dans une pièce qui sert aussi de salle à manger....

Il s'agit donc de réaliser ce fameux châssis qui portera les touches, la tenue des touches en queue, retiendra la touche en butée haute à l'avant et les ressorts...

Donc deux barres, devant et arrière, et trois barres de maintien qui se situent entre le premier mi et fa, entre le deuxième mi et fa, et troisième mi et fa. D'où la position non symétrique...

Réalisation des tenons et mortaises.... ah que ça fait du bien un peu de menuiserie pure!!!

Le châssis est assemblé, chevillé.... ça bouge pas!

Comme pour de nombreuses opérations en facture d'orgues, j'ai réalisé une règle sur laquelle j'ai tracé les axes des touches, les séparateurs entre touches, les barres du cadre, la dimension de l'ouverture dans le buffet de l'orgue en son soubassement...

Ainsi je n'ai plus qu'à reporter sur le châssis.

Il existe une normalisation des pédaliers suivant le Congrès catholique tenu à Malines en 1864 et qui fixa dans sa section de musique religieuse, les dimensions d'un pédalier proposé aux facteurs pour l'unification de la construction et du jeu de l'instrument:

• nombre des touches pour les orgues ordinaires, 27 (Do à Ré)
• pour les grandes orgues, 30 (Do à Fa)
• largeur d'un pédalier de 27 touches, 975 mm.;
• longueur apparente des touches, 600 mm ;
• entre-axe des marches diatoniques, 65 mm ;
• longueur des rehausses des dièses, 130 mm ;
• hauteur des mêmes, 50 mm, dépassant les notes naturelles de 25 mm ;
• inclinaison vers la pointe du pied environ 4 %, soit 2 cm pour 60.

La position du pédalier relativement aux claviers manuels fut également déterminée : Le troisième ré du premier clavier manuel doit être à la verticale du deuxième ré du pédalier.

J'ai aussi débité la totalité des mes touches (30), lors du débit des 5 gros tuyaux en épicéa.

Il s'agit plutôt des contre-touches, puisqu'il s'agit du dessous de la touche qui elle sera en chêne; cette partie en CP de hêtre ne se verra presque pas, mais assurera pourtant tout le travail, la vraie touche en chêne assurant la surépaisseur nécessaire par l'enfoncement et l'esthétique...

Le montage va se poursuivre, et la suite au prochain épisode!!!

La Fondation du Patrimoine m'a fait parvenir cet appel:

L’association des Petits Chanteurs de Lyon est à la recherche d'un/une stagiaire ou apprenti(e) pour la restauration de son orgue coffre, construit en 1984 par le facteur d’orgue Jean-Louis Loriaut pour interpréter un répertoire du XVIIème et XVIIIème. L'instrument est, malgré sa petite taille, une pièce unique, une œuvre d'art homogène et de grande qualité. Grâce à lui, de nombreux concerts en France et à l'étranger ont eut lieu et il est emprunté par des ensembles prestigieux

Jean-Louis Loriaut, qui a réalisé l’orgue, réside aujourd'hui en Corse. Il souhaite être assisté sur l'ensemble du chantier par un jeune amateur d'orgue qui souhaiterait éventuellement se lancer dans des études de facteur d'orgue ou un apprenti. Ce dernier doit être majeur et éligible au dispositif de stage ou d'apprentissage.

L'association des Petits Chanteurs de Lyon ayant obtenu une subvention permettant de payer l'ensemble des frais d'apprentissage (déplacement, logement, salaire), aucun frais ne serait à engager de la part de l'étudiant. Le stage pourrait s'étaler sur deux mois mais de manière non continu (possibilité d'aménager les dates et horaires).

Si intérêt pour cette formation, merci de contacter Mélanie PREVOST melanie.prevost@fondation-patrimoine.org

J'aurais 25ans de moins, je foncerais!

Une belle expérience de deux mois, et au soleil de la Corse en plus!!!!!

Je vous rassure de suite: ma Montre sera en étain et non en bois! Mais les 4 premiers tuyaux du grand dessus de montre 8', c'est à dire 2èmes fa, fa#, sol et sol# sont en bois, ouverts, et la tourelle centrale accueillera le 2ème la comme premier grand tuyau d'étain...

Cette opération me permet de "consommer" mes plus grandes planches fines de chêne, car je suis plus à la recherche de gain d'espace dans mon petit atelier-garage, que vraiment construire des tuyaux non prioritaires pour l'instant!!!

Donc au commencement était la planche; soit 16 planches à sélectionner, trier par qualité (les plus belles feront les faces avant), tracer, puis débiter.

Ensuite, rabotage; c'est assez simple en épaisseur, car je suis très proche des épaisseurs finales!

La suite est assez traditionnelle si vous avez suivi la construction des bourdons; débit et radotage du pied, réalisation de l'intérieur de la bouche, perçage du pied...

Puis il faut assembler, coller les deux coté puis le fond... un petit travail sympa pour le soir!!!

Puis vient la délicate opération d'ouverture de la bouche; c'est vraiment le moment qui demande le plus de soin et de précision; car on peut à tout moment d'un coup de défonceuse ou de ciseau à bois mal maîtrisé, déraper et perdre la jolie planche.....

Il faut donc tracer à l'arrière la bouche, en largeur et hauteur; dans le cas d'un tuyau de principal ou montre, mon harmoniste m'a indiqué une hauteur du 1/4 de la largeur (c'était le 1/3 pour les bourdons et flûtes...).

Toujours à l'arrière, il faut pré-découper au ciseau à bois pour que le bout parte proprement à la réalisation du biseau....

On voit ici le biseau qui vient juste d'être taillé; le pré-découpage de la bouche a bien fonctionné; le petit bout de bois a sauté au moment où la matière n'est plus assez épaisse....

Mon système de gabarit en bois et de défonceuse est assez redoutable; ça marche bien mais il faut y aller très doucement et avec précision; je mets bien une demi-heure pour faire le biseau. Le temps de l'installation, des réglages, du travail, et du rangement, je mets une petite après-midi pour faire mes 4 bouches...

Il n'y a plus qu'a finir avec le ciseau à bois.

Il reste à coller le tout; avec des grands tuyaux, il faut plus de serre-joints!

Encore un petit travail du soir; l'encollage minutieux et régulier demande aussi du temps; bien une demi-heure... je suis pas un rapide!!!

Et voilà!!! les quatre tuyaux sont assemblés; reste à les couper au ton, tailler les pieds, ajuster les lèvres.... mais ils fonctionnent très bien; c'est toujours la même émotion lorsqu'on souffle et fait résonner pour la première fois le tuyaux; comme une sorte de défloration....!!!!!

Sur cette dernière photo, on voit le "petit" 2ème mi du bourdon et la suite fa à sol# de la montre; deux fois plus long, un peu plus large (le bourdon est calé sur la taille de la partie en métal), les hauteurs de bouche différentes...

Reste à les terminer et les installer à leurs places; la prochaine construction de tuyaux en bois, ce seront les 5 premiers du bourdon, en épicéa, et j'aurai terminé la fabrication des tuyaux en bois du GO!!!